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L'èlevage des drosophiles.

Quelques problèmes et solutions de la culture de drosophile

     Le but de ce petit article est de partager avec vous mon expérience de la culture des drosophiles. C'est avec plaisir que je vais vous donner mes "tuyaux".
En fait, cela fait 5 ans que je travaille sur la droso dans le cadre de ma thèse. Donc, après proposition d'Hilario de Cyberaqua, voici (enfin !!!) cette prose. Bien-sur, cet article n'est pas exhaustif, donc n'hésitez pas à me contacter si vous ne trouvez pas la solution dans ce qui suit.

Fiche signalétique :

Classe: Diptère (c'est a dire une seule paire d'ailes membraneuses et souples, 3 paires de pattes).

Nom : Drosophila melanogaster (mais Drosophila virilis est assez fréquente chez les aquariophiles).

Noms communs français : drosophile, plus connue sous le nom de 'mouche du vinaigre'.

Description : variété de petits moucherons de 5 a 8mm. Voir image ci contre.

Habitat : dans nos appartements (!!!), on les trouve voletant souvent autour de coupes de fruits, particulièrement en été.

Le cycle de la drosophile se décompose en 4 étapes :

- l'embryogenèse (24h),

- 3 stades larvaires (environ 5 jours à 25°C),

- la métamorphose ou le stade pupal (les larves se transforment en adulte dans une chrysalide. Pour les mouches, on parle de pupe) pendant 5 à 6 jours à 25°C,

- l'adulte (durée de vie d'environ 21 jours).

La drosophile et la recherche scientifique.

     Depuis les années 1900, la droso (pour les intimes) est utilisée comme modèle biologique dans une grande quantité de laboratoire de génétique et d'embryogenèse. C'est un modèle animal qui présente beaucoup de points positifs (surtout pour une infrastructure comme un laboratoire) dont en voici quelques uns :

     Maintenant que cette brève présentation est faite, passons en revue les problèmes possibles lors de sa maintenance.
Tout d’abord, partons du principe que vous n’avez aucune difficulté majeure pour faire votre milieu et établir votre souche. Juste un petit rappel : travailler si possible dans des conditions d'asepsie. Les problèmes classiques rencontrés peuvent être classés en catégories en fonction de l'état physique du milieu de culture.

1/ mon milieu se décolle des bords, avec ou sans droso.

     En général, ce problème est l'un des plus faciles à régler. Ce décollement est un symptôme d'un manque d'eau. Soit lors de la fabrication il y a eu un problème avec la quantité d'eau, soit le stockage n'est pas bon.
Pour compenser le manque d'eau, éviter de rajouter de l'eau. Si une culture est en cours, vous allez noyer les larves qui sont dans le milieu. Le mieux est de planter un morceau de sopalin (ou de mouchoir en papier, ou autre équivalent) au centre du récipient. Procédez avec un objet plat et mince. Lorsque le papier est enfoncé, faites un quart de tour. Cela a pour effet de recoller partiellement le milieu sur les parois. Puis matin et soir, verser de l'eau dessus. Il faut calculer la quantité pour juste imbiber le papier. Si le problème persiste après 3 jours, deux solutions plus "sauvages":

      Le but est d'augmenter la quantité de larves qui se nourrissent dans le milieu. Lorsqu'elles sont en grand nombre, le milieu est en quelque sorte liquéfié par leur activité. Mais attention, vous risquez l'excès inverse comme exposé ci-après...

2/ mon milieu est mou, presque liquide.

     C'est l'inverse de 1. Si cela vous arrive avant d'introduire des droso, pas d'espoir ! Il y a eu un problème lors de la fabrication (trop d'eau, pas assez d'agar ou de gélifiant). Vous pouvez tenter le tout pour le tout ou jeter tout et recommencer. Quelques fois (hélas rares), il est possible de rattraper le coup en ajoutant un peu de gélifiant (mais pas trop chaud sinon l'antifongique est dégradé).
     En présence de droso, c'est principalement du à une trop forte densité de larves. Elles risquent de se noyer, ainsi que les adultes. Le plus sur est de repiquer la souche et de planter un papier dans le milieu. Cette fois, pas besoin d'ajouter de l'eau, il y en a assez comme ca. Pour aider, vous pouvez placer le récipient dans un local à faible hydrométrie ou bien ventilé.

3/ le milieu se couvre d'un duvet bleu/vert ou blanc.

     AIE ! C'est pas bon du tout ca ! Il y a peu de chance que vous récupériez cette culture. Ce voile est du à la présence d'un champignon. Il peux être introduit lors d'un repiquage. Si vous n'utilisez pas d'antifongiques, c'est un problème que vous allez rencontrer fréquemment. Travailler le plus possible en asepsie. Essayer de vous procurer du Moldex ou équivalent en pharmacie. C'est un plus indéniable dans la culture et c'est pas très cher. Mais attention à respecter les doses car à fortes concentrations, les antifongiques peuvent provoquer une stérilité des droso...
     Donc, si vous n'avez pas d'antifongique, jeter la culture. Surtout, ne la repiquez pas. Des spores de champignon seraient introduites avec les droso. Ou alors, repiquer deux à trois fois (une fois/jour). Mais ce dernier moyen n'est pas très efficace.
Si vous utilisez un antifongique, il est peut-être passé. Remplacez-le. Autre possibilité, il a été introduit dans le milieu en cours de préparation à trop haute température. Dans ce cas, il a été dégradé et a perdu ces propriétés. En parallèle, repiquer votre souche dans un récipient neuf dans lequel un papier absorbant (et oui, ca sert beaucoup le papier en droso !) imbibé d'antifongique dilué. Laisser sécher le papier avant de le planter dans le milieu.
     Bon courage car les champignons, c'est comme les acariens, difficile de s'en défaire. D'ailleurs, on y vient.

4/ le milieu et les parois sont rosés et présentent un multitude de points blancs.

     Hem, c'est un des problèmes insolubles de la culture des droso. En fait, regardez à la loupe ce voile rosé... Beurk ! Mais c'est quoi ces trucs velus qui galopent partout ? Et bien, il s'agit d'acariens. Comme ils sont très bien nourris, ils sont énormes. Le gros problème avec les acariens, c'est que les insecticides efficaces le sont aussi sur les droso. Vous voyez le problème ? Si un traitement est appliqué aux acariens, les mouches trinquent aussi. Même dans les laboratoires, c'est la croix et la bannière pour se débarrasser de ces bestioles. En plus de ca, si vous laissez faire, les acariens prennent le dessus et au revoir les droso. Pourquoi ? Tout simplement à cause de leur cycle de reproduction qui est beaucoup plus court que celui de la mouche.
     Si vous avez une infrastructure importante qui sort des litres et des litres de milieu (ou plutôt si vous avez le courage de couler quelques dizaines de tubes...), faites comme en labo : repiquage SANS TAPER le récipient pour faire descendre les mouches vers le neuf. Laissez les monter toutes seules dans le nouveau. Un éclairage aide beaucoup car les mouches sont attirées par la lumière. Le problème vient de la fréquence de repiquage: une fois par jour pendant ....... jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'acariens (comptez entre 6 et 10 jours). Lavez vous les mains entre chaque récipient à repiquer et repiquage loin du lieu où se passe la culture. Surveillez attentivement pendant encore une semaine.
Sinon, rien à faire de plus que de tout jeter. Surtout, N'OUVREZ PAS les récipients contaminés !

5/ milieu marron ou noir.

     Ce type de problème est vicieux. Croyez moi, il a donné des cheveux blancs à plus d'un ! Bon, plus sérieusement, c'est du à quoi ? Cette texture noire qui s'accompagne souvent d'une liquéfaction de la couche supérieure du milieu est du à la prolifération de bactéries. Ne vous inquiétez pas, elles ne sont que très rarement pathogènes.
Il y a un moyen imparable pour s'en débarrasser. Tout d'abord, par précaution (comme toujours) repiquer la souche. Ensuite, dans les deux récipients (le neuf et le vieux), saupoudrez une fine couche de levure de bière. Si vous faites votre CO2 artisanalement, vous devez en avoir. Sous huitaine, elles disparaîtront. Comme les droso aiment beaucoup les levures, pas de problème par la suite. D'ailleurs, petit conseil à 1F, mettez toujours un peu de levure sur le milieu avant de repiquer. Les mouches adorent et le levures entrent en compétition avec les bactéries. Donc peu de problème de ce type par la suite.

6/ milieu très sec, voire entièrement dur.

     Ce dernier cas est impossible à traiter facilement. En désespoir de cause (c'est votre dernière culture), voici un truc qui marche avec moi. Tout d'abord, récupérez les adultes dans un récipient neuf. Attention, le vieux milieu a la fâcheuse habitude de tomber avec. Ensuite, si vous avez de la patience, récupérez avec des pinces les pupes vivantes. Pour finir, préparez un peu d'eau tiède. Découpez le vieux milieu en quatre et placez les morceaux au fond d'un bol. Recouvrez d'eau. Il faut que le niveau d'eau soit à environ 5mm au dessus du milieu. Calez au besoin le milieu. Il est souhaitable qu'il reste au fond. Au bout de quelques dizaines de minutes, les larves qui étaient dans le milieu sortent pour éviter de se noyer. Récupérez-les avec un pinceau à poils doux et posez les sur le nouveau milieu (avec le minimum d'eau sinon noyade !). Il est possible d'accélérer les choses en recoupant encore le vieux milieu.
Bien, je crois que se sera tout pour aujourd'hui. Ces trucs valent ce qu'ils valent, mais ils ont toujours marché avec moi. Bon, faut dire aussi qu'avec une infrastructure de laboratoire derrière moi, pas de problème d'approvisionnement en milieu.
La chose principale à retenir est de toujours avoir du milieu d'avance et au minimum deux cultures en parallèle. Ainsi, vous éviterez la plupart des problèmes.

     Pour finir, voici quelques photos de tubes de culture. Il y a des bons et des pas bon. A vous de trouver à quel cas ils se rapportent !

Pointez les images pour les voir en pleine taille et avec les commentaires.

Bonnes cultures ! Les écailles adorent tellement ces petites bestioles...

STC (e-mail: tlse<@>chez.com)
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