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La reproduction des ancistrus.

Ancistrus temminckii : une reproduction facile, quand cela veut...par bertrand le saec



Cet ancistrus fait partie de la famille des loricariides du groupe des siluriformes. Il vit dans les eaux vives des affluents de l'amazone. En aquarium, il lui faut une eau très claire et bien oxygénée (24-27° c, ph 6-8). La caractéristique première des ancistrus est leur bouche, qui est aussi une ventouse, leur permettant d'adhérer au substrat dans les courants rapides. La deuxième est un oeil particulier avec un iris en forme en fer a cheval. Cet iris doré est mobile et peut couvrir la quasi totalité de la pupille.

Les vieux mâles temminckii peuvent avoir une taille de 15 cm. Ces derniers ont une tête dotée, à l'avant, d'appendices charnus caractéristiques. Juste en avant de chaque nageoire pectorale se trouve une excroissance hérissée de nombreux petits pics très solides et pointus. Ces excroissances sont utilisées, lorsqu'elles sont brandies, comme crampons pour fixer l'animal dans son trou ou comme arme de combat.
Ces ancistrus sont des animaux pacifiques bien que les rixes entre mâles remuent beaucoup le sable des bacs. leurs échauffourées consistent en de courtes poursuites ponctuées de violents ``coups de corps''. elles sont heureusement sans conséquence, le vainqueur laissant son adversaire s'enfuir piteusement.
herbivores, les ancistrus broutent sur toutes les surfaces du bac les courtes algues qui y poussent ; la forme de leur bouche est parfaitement adaptée à ce travail. Notez toutefois qu'ils apprécient fortement les petits animalcules cachés dans les algues, ils ne sont donc pas qu'herbivores. La présence de souches ou de grosses racines leur est enfin nécessaire : la cellulose qu'ils en tirent, leur facilite énormément la digestion. Donnez leur en plus quelques petits pois, du concombre et de la laitue ébouillantée : ils seront heureux.

Les parades nuptiales sont proches des combats entre mâles, la violence en moins : monsieur ``court'' très rapidement sur la madame convoitée dès qu'elle s'approche de la cache, futur nid ? Celle-ci s'enfuit alors, mais revient tout aussi rapidement si elle est prête...
Je n'ai jamais constaté un tel comportement sans qu'il soit suivi, à brèves échéances, d'une ponte. La reproduction peut être qualifiée de facile pour l'aquariophile, mais il y a un écueil à surmonter avant d'apercevoir des oeufs : former (découvrir ?) un couple. Entre 10 et 15 individus se pressent en permanence dans mes différents bacs et, pourtant, en 6 ans, seulement 4 couples reproducteurs se sont constitués. Dans tous les cas, il faut que les animaux aient presque un an avant qu'ils n'entament leur première parade.

Actuellement, seulement deux couples sont dans mes aquariums. Le plus prolifique est dans un bac d'élevage de 180 litres équipé d'un filtre maison d'un débit de 1200 litres par heure. L'éjection de l'eau filtrée se fait au ras du fond provoquant un violent courant. trois tubes de pvc de 15 cm, bloqués sous une souche, leur servent de cachettes et de nids. Il n'est pas besoin de se tordre la tête pour regarder à l'intérieur et chercher d'éventuels oeufs : avant la ponte, madame est bedonnante. après elle peut faire des défilés de mode. En effet, les oeufs adhésifs forment une grappe dont le volume peut avoisiner le tiers du volume de la femelle... Ils sont gros (1-1,5 mm) et de couleur cuivre, légèrement rougeâtre. Entre 50 et 100 larves éclosent au bout de 5 jours si la femelle est à pleine maturité. En général, je les laisse avec le mâle 4 jours avant de les lui retirer. Hé oui, c'est monsieur qui fait le baby-sitter ! Inlassablement, il ``ventile'', de ses nageoires ventrales, sa progéniture. Au bout d'une dizaine de jours, le sac vitellin des petits est résorbe et les alevins commencent à se nourrir. Il est à noter que des la naissance, les larves disposent de leur ventouse et se collent aux parois du nid. durant les 15 premiers jours de leur vie, ils grandissent très vite pour atteindre 1,5 cm, puis la croissance ralentit.

Comme je l'ai dit précédemment, les oeufs sont séparés du père. Ils sont alors placés dans un petit bac en plastique qui flotte, au bain-marie, dans le bac où ils sont nés. Le travail du père est remplacé par un puissant diffuseur d'air qui brasse abondamment l'eau. Je n'utilise pas de filtre, mais l'eau est changée tous les jours après un nettoyage à la main des parois du bac. Les alevins sont très sensibles à la propreté de cette nurserie : une goutte de bleu de méthylène est bienvenue comme désinfectant léger. Dès qu'ils peuvent manger, je leur fournis, en quantité, des nauplies d'artémias. Leur régime est complété par de fines rondelles de concombres renouvelées journellement (pommes de terre, salades, etc., se dégradent vite et polluent trop rapidement l'eau à mon goût). Quand le bac est devenu trop petit pour les jeunes, ils migrent vers un plus grand, mais le nourrissage, toujours intensif, est moins efficace. Cela provient, sans aucun doute possible, de la qualité de l'eau qui n'est alors renouvelée qu'hebdomadairement ou bi-hebdomadairement.

Je vous avoue que je ne récupère que peu souvent les oeufs, je me contente de ``renouveler mon stock''. je suis pourtant convaincu qu'il serait aisé de systématiser l'élevage de ces poissons, et je ne comprends toujours pas pourquoi ces animaux sont si coûteux a l'achat ?
En tous cas, c'est vraiment amusant de voir tous ces petits poissons commencer très tôt leur lutte de pouvoir, se poursuivant et se bousculant sans cesse.

bertrand le saec

Un petit dessin de corinne toumi pour vous aider à différencier ancistrus et plécostomus.